Dis Fatou, comment on fait les bébés ?
Agnès Doherty et Faïza Kaddour pour la pièce Le Frichti de Fatou. (photo : image promotionnelle, compagnie Tombés du ciel)

Le 8e FITA, le Festival international de théâtre-action, s’est déroulé du 15 au 27 novembre. Le spectacle Le Frichti de Fatou en a fait l’ouverture, à l’Espace 600.

Elles sont deux sur scène. D’abord, il y a Fatou, jouée par Faïza Kaddour, née en 1969, « année érotique, du premier pas sur la  Lune, du festival Woodstock ». Et il y a Agnès Doherty, au violoncelle et à la contrebasse, au bruitage et à la musique.

Fatou grandit dans l’Est algérien, dans une famille très traditionnelle. Sa mère cuisine, son père travaille. Espiègle, elle se prend régulièrement des baffes par sa mère. Fatou est élevée pour devenir une bonne épouse mais une chose l’obsède : comment on fait les bébés ?

Sa famille la marie à un immigré  qui vit en France, à Paris, avec sa mère. Dans leur petit appartement, Fatou tourne en rond. Le couple n’arrive pas à avoir d’enfant, au grand désespoir de la belle-mère qui multiplie les remèdes de grand-mère.

Un jour, Fatou est amenée à remplacer sa belle-mère qui fait le ménage dans des immeubles, dont un abrite le Planning familial. Les féministes expliquent à Fatou la sexualité, la contraception, le plaisir sexuel. Fatou, elle, veut surtout savoir comment enfin avoir des enfants.

Bond en avant. En 1989,  Fatou a divorcé de son mari violent, vit en colocation, travaille, rencontre un homme. « En 1989, le mur de Berlin tombe, je fais ma révolution sexuelle ! », s’exclame-t-elle.

Comme une cuisinière, Fatou prépare son frichti sur scène. Comme une prof d’éducation sexuelle, elle présente des panneaux sur le fonctionnement des organes génitaux. Le spectacle n’est pas à proprement parler autobiographique. écrit par Jean-François Toulouse, il fait écho à l’histoire personnelle de Faïza Kaddour. Sa mère, française, est célibataire, son père, algérien, s’est remarié et a eu d’autres enfants. Elle a vécu avec les deux.

Le spectacle est très drôle, pas mal de spectateurs ont revu des scènes de leur enfance en Algérie. Certains ont aussi trouvé cette pièce néo-colonialiste : la femme maghrébine, soumise à son mari, éduquée par les occidentales féministes. Mais le spectacle est volontairement trop caricatural des deux côtés : de l’un, les clichés sur la vie au bled, de l’autre, les vieilles féministes bornées qui veulent que Fatou brûle son soutien-gorge, alors que Fatou, elle, elle veut surtout savoir comment on fait les bébés.