Ciné-Villeneuve présente Nothingwood
Le film Nothingwood, de Sonia Kronlund, sera projeté lundi 8 octobre, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins. (photo : image extraite du film)

Ciné-Villeneuve présente en projection, lundi 8 octobre, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins, le film Nothingwood, de Sonia Kronlund. Thèmes abordés, synopsis, avis, Ciné-Villeneuve vous raconte tout sur le film.

Synopsis

À une centaine de kilomètres de Kaboul, Salim Shaheen, l’acteur-réalisateur-producteur le plus populaire et prolifique d’Afghanistan, est venu projeter quelques-uns de ses 110 films et tourner le 111e au passage. Ce voyage dans lequel il a entraîné sa bande de comédiens, tous plus excentriques et incontrôlables les uns que les autres, est l’occasion de faire la connaissance de cet amoureux du cinéma, qui fabrique sans relâche des films de série Z dans un pays en guerre depuis plus de trente ans. Nothingwood livre le récit d’une vie passée à accomplir un rêve d’enfant. « Hollywood, Nollywood, Nothingwood », explique Shaheen. « Afghanistan cinema is Nothingwood. Because there is no money, no resources, no equipment: nothing. » (« Le cinéma afghan c’est Nothingwood. Parce qu’il n’y a pas d’argent, pas de ressources, pas d’équipement, rien (nothing). »)

Cet homme qu’on appelle « Sultan du cinema » dans sa vile natale de Kaboul ne visionnait pas son 111e film bizarre et un peu pornographique comme il en fait depuis 1985. Il apparait plutôt comme la star du film hilarant et charmant de Sonia Kronlund, le Prince de Nothingwood. Ce film a été l’une des très belles surprises de la Quinzaine des Réalisateurs en 2017 à Cannes.

Acteurs : essentiellement Salim Shaheen dans son rôle et Qurban Ali, un habitué des films de Salim Shahen qui est devenu populaire en Afghanistan.

La réalisatrice

L'acteur Salim Saheen et la réalisatrice Sonia Kronlund (image extraite du film)

L’acteur Salim Saheen et la réalisatrice Sonia Kronlund (image extraite du film)

D’après Wikipédia, « Sonia Kronlund est titulaire d’un DEA de philosophie esthétique de Paris I – La Sorbonne, diplômée de l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud et agrégée de lettres modernes. Elle a enseigné à Londres et à l’université Paris Diderot, et a été chargée de mission à la Délégation générale à la langue française auprès du Premier ministre entre 1994 et 1996. Elle a collaboré au développement et à l’écriture de nombreux scénarios entre 1993 et 1999.

Elle a collaboré à l’émission Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet.

Elle est productrice coordinatrice de Les Pieds sur terre, une émission quotidienne de documentaire radiophonique diffusée sur France Culture depuis 2002, où elle se donne pour objectif de « tenter d’écouter sans analyser, de comprendre sans commentaire, d’ouvrir une petite fenêtre sur ce réel qui nous échappe ou qui nous parvient toujours formaté. Écouter ceux dont on commente abondamment les faits et gestes, aller sur leur terrain et y rester ».

Pour la même station elle a également produit des documents relatifs à ses pays de prédilection l’Iran, l’Afghanistan et le Japon. Elle a réalisé plusieurs documents images pour Arte. »

Tournage afghan

Sonia Kronlund connaît bien l’Afghanistan pour y avoir réalisé de nombreux documentaires pour la télévision et la radio. La première fois, c’était en 2000 pour France Culture et elle y est retournée depuis une quinzaine de fois. Pour Nothingwood, la réalisatrice a filmé dans le seul endroit du pays où la situation est à peu près stable, à Bamiyan. Elle poursuit : « Le tournage était sympathique, on passait notre temps à rire, à manger,… Il fallait, à un moment, réintroduire du réel, redonner de la crédibilité et du sens à cette image un peu trop déconnectée et faussée de l’Afghanistan, qui est en guerre depuis 40 ans et qui n’est pas vraiment dans une bonne passe. »

La réalisatrice présente dans le film

Selon Allociné, À l’origine, Sonia Kronlund ne devait pas apparaître à l’image. C’est son directeur de la photographie Alexander Nanau qui a un jour pris l’initiative de la mettre dans le cadre, et tous les deux ont alors pensé qu’il s’agissait de la bonne solution. La réalisatrice développe au sujet de Nanau, qui est aussi le metteur en scène du documentaire Toto et ses sœurs : « Il était transparent, ne disait rien, filmait tout le temps, avec des caméras légères, c’était parfait. Ses images correspondent à ce que je voulais faire. »

Image extraite du film

Image extraite du film

Signification du titre

Toujours selon Allociné, Nothingwood évoque une formule inventée par Salim Shaheen : « Ici, ce n’est pas Hollywood, ce n’est pas Bollywood, c’est Nothingwood. » Sonia Kronlund confie : « Le jeu de mot marche aussi en persan. Il le répète à qui veut l’entendre. On peut lui faire refaire dix fois la prise ! Et c’est vrai que cet homme réussit à fabriquer du rêve avec rien du tout. »

Absence des femmes

Encore selon Allociné, hormis la jeune actrice que l’on voit au début du film, Sonia Kronlund est la seule femme qui apparaît à l’écran, faisant ainsi ressortir dans le film l’absence des femmes afghanes (la cinéaste a été acceptée sans aucune difficulté par les hommes sur place parce qu’elle est étrangère, non-musulmane et réalisatrice).

Le héros du film : Salim Shaheen

Dans un article consacré à l’acteur, le site Allociné raconte la vie de Salim Shaheen. Né au milieu des années 1960 à Kaboul, Salim Shaheen, le « Ed Wood afghan » fait des films depuis bientôt quarante ans, dans un pays en guerre depuis autant de temps. Réalisateur de séries Z à mi-chemin entre les films de kung-fu et les comédies musicales bollywoodiennes, acteur dans ses propres films, Shaheen en a produit, réalisé et interprété plus de 110. « C’est un bonimenteur incroyable qui garde en lui quelque chose de profondément enfantin, ce rêve de faire des films avec ses copains, raconte Sonia Krunlund. Shaheen est un homme assez complexe mais sa part d’enfance me semblait universelle. »

Petit, il va au cinéma dès qu’il en a l’occasion, quitte à prendre le risque de se faire violemment corriger par son père et son frère. Mais rien n’y fait, le jeune Salim sait déjà ce qu’il veut faire de sa vie, et ce sera du cinéma et rien ni personne ne l’arrêtera. Il tourne avec les moyens du bord, d’où le titre du documentaire, référence à ses films faits avec trois fois rien si ce n’est de bonnes doses d’enthousiasme et de système D. Salim Shaheen en est à la fois scénariste, acteur, metteur en scène, producteur et VRP de ses films. Un vrai homme-orchestre, grande-gueule et touchant, dont l’histoire, entre rodomontade et fausse modestie, a marqué la Quinzaine des réalisateurs en 2017 à Cannes.

Affiche du film Nothingwood.

Affiche du film Nothingwood.

Bonheur et patriotisme

« J’apporte un peu de joie et d’esprit patriotique dans des pays ravagés par la guerre », explique Salim Saheen. Partout où il passe, sa bonne humeur fait des étincelles tandis qu’il montre des Afghans fiers de leur nationalité. « Je me considère comme le porte-parole de l’Afghanistan », explique cet extraverti qui recrute ses acteurs dans les villages et n’hésite pas à les faire tirer à balles réelles quand les scènes le nécessitent. Ses œuvres populaires exploitées en salles ou en DVD font qu’il est accueilli à bras ouverts partout où il vient tourner comme un oncle débonnaire un peu menteur (il prétend être originaire de toutes les régions), mais craquant. On lit aussi qu’il de saurait ni lire ni écrire mais serait-ce une rodomontade dans le style du personnage ?

Plus de cent films

Son cinéma excentrique où les numéros musicaux côtoient le mélo, les scènes d’action et les gags potaches évoque plus Ed Wood, le roi de la série Z, qu’Ingmar Bergman, mais notre homme vit bien de son art depuis de trente ans. « J’ai tourné plus de cent films sans un sou, mais en y mettant tout mon cœur », avoue-t-il. S’il a perdu le compte exact de sa filmographie, Salim Saheen est fier des acteurs qu’il a révélés, comme Qurban Ali. Ce dernier, qui l’a suivi dans l’aventure du documentaire, demande à être pris en photo avec les journalistes français qu’il rencontre, « pour épater ma femme ».

Ses films trouvent régulièrement leur place dans l’un ou l’autre des quatre cinémas de Kaboul actuellement opérationnels, ils sont vendus en DVD et diffusés sur les très nombreuses chaînes de télévision afghanes. Même s’il est plus que probable qu’on ne verra jamais de notre vie un film de Salim Shaheen, on peut s’intéresser à celui qui lui est consacré d’autant plus que la réalisatrice ne se contente pas de dialoguer avec lui et de nous le montrer à l’œuvre sur un lieu de tournage : elle en profite aussi pour nous apprendre pas mal de choses sur l’Afghanistan comme, par exemple, les rapports que certains talibans entretiennent avec le cinéma.

La bande-annonce

Commentaires de la réalisatrice et quelques plans du film

Nothingwood
Documentaire (France), 2017
De Sonia Kronlund
Avec Salim Shaheen
90 min
Adhésion enfants et précaires : 1 € ; adultes : 5 € ; soutien : 10 € ; donnant droit à tous les films de la saison 2018-2019 (sauf les séances à l’Espace 600)