Ciné-Villeneuve présente Alamar
Alamar, film mexicain de Pedro González-Rubio, sorti en 2009.

Ciné-Villeneuve présente en projection, le lundi 25 janvier, le film Alamar, de Pedro González-Rubio, sorti en 2009. Thèmes abordés, synopsis, avis, Ciné-Villeneuve vous raconte tout sur le film.

Le réalisateur

Pedro González-Rubio est un réalisateur mexicain né en Belgique en 1976. Il s’était fait connaître avec Terro Negro (2005), un documentaire sur l’univers violent de la corrida mexicaine.

Comment mieux décrire ce qu’a voulu faire le cinéaste que de citer ses propres paroles : « Venu du documentaire, j’ai fait appel à des personnages ayant des liens réels entre eux dans un environnement qui n’est pas le leur. Il n’y a pas de scénario avec des dialogues préétablis mais simplement des situations écrites en amont. »

L’auteur explique le sens du titre : dans « alamar », il y a « à la mer » et « al amar » : à l’amour. Ces deux mots mer et amour résument parfaitement le film. Tout se passe au bord de la mer et le pécheur et son fils sont un père et son propre fils unis par un amour réel, profond qui ressort vivement.

Le synopsis

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L’enfant Natan et son père Jorge (image extraite du film).

Un jeune garçon de cinq ans, né d’une brève liaison romantique entre Roberta, une touriste italienne et un guide touristique mexicain quitte Rome pour passer des vacances avec son père et son grand-père pêcheur au large des bancs de corail de Banco Chinchorro (patrimoine mondial de l’Unesco sur la côte caribéenne du Mexique). Dans la cabane sur pilotis du grand-père, sans autre lien au monde qu’un poste de radio, l’enfant vit au rythme de la pêche, dort dans des hamacs, apprend à plonger, à pêcher au harpon, à écailler les poissons, à fréquenter les crocodiles, mais aussi la caméra, apprend les noms des poissons et des plantes. Une aigrette attirée par les cafards présents sur le plancher de la cabane se laisse apprivoiser.

Les personnages

Les personnages sont essentiellement un père, Jorge et son fils Natan, ce ne sont pas des acteurs professionnels mais un père et son fils dans la vie, le père n’est pas guide touristique de profession, il est ornithologue autodidacte. Et puis, il y a l’oiseau, une aigrette, Blanquita, elle n’était pas prévue au début du tournage, elle est arrivée attirée par de la nourriture et elle est restée jusqu’à ce qu’elle reparte un jour sans crier gare. Il y a aussi le grand-père Matraca. Les femmes sont absentes, le film traite de retour aux origines, les femmes sont comme un mythe, ce sont des sirènes, elles n’existent donc pas. Le film est presque tourné comme un film d’amateur. Pour la plus grande partie du tournage il n’y avait que trois personnes : Pedro González-Rubio , un chef opérateur et un preneur de son.

Un cinéma original mais avec des précédents

Le personnage principal du film : la mer (image extraite du film).

Le personnage principal du film : la mer (image extraite du film).

La technique originale de Alamar n’est pas vraiment nouvelle. Des cinéastes célèbres ont déjà donné leurs lettres de noblesse à cette forme de cinéma réalité ou docufiction. Tout cinéphile, en voyant ce film, pensera à l’Américain Robert Flaherty (1884-1951), au Russe Dziga Vertov (1896-1954) et au Français Jean Rouch (1917-2004). Tous ces cinéastes surent eux aussi mélanger avec succès le reportage avec une certaine mise en scène. On pensera en particulier à Nanouk l’Esquimau de Robert Flaherty (commande d’un fourreur parisien qui connu un immense succès) et aussi à Louisiana Story, histoire proche d’un jeune garçon dans la nature sauvage des marais. Dziga Vertov, lui, affirmait une théorie nouvelle de cinéma totalement affranchi de la littérature et du théâtre, écartant le recours à un scénario, montrant grâce à la caméra, œil mécanique, la vie elle-même.

Pedro González-Rubio dit avoir été très influencé par les films du Français Albert Lamorisse Le Ballon rouge et Crin-Blanc.

Les prix

Alamar a été sélectionné pour de très nombreux festivals : Toronto, Rotterdam, Miami, Toulouse, Berlin, La Rochelle, San Francisco, Buenos Aires …

Quelques critiques de la presse

Le Figaro : La tendresse paternelle guide l’enfant dans la découverte de la nature. Une oasis de calme et de pureté.

L'aigrette Blanquita et Natan (image extraite du film).

L’aigrette Blanquita et Natan (image extraite du film).

L’Humanité : Une petite splendeur d’une limpidité au diapason de son sujet. Simple comme bonjour et sans chichi, ce film édénique a une immédiateté qui se fait rare.

Libération : Pas le moindre catéchisme écologique, pourtant, derrière les longs plans et les brefs dialogues. Plutôt qu’une thèse, le film est une démonstration en actes, presqu’un shoot immersif, qui fait confiance à l’éloquence de ses motifs.

Le Canard enchainé : Mi chair mi poisson, ce docufiction en partie improvisé montre avec tendresse les rapports père-fils et le vieux grand-père égrillard. Mais faute d’intrigue véritable, le film vous berce aussi comme une barque endormeuse.

Le Monde : Ces quelques jours partagés font un moment lumineux dont le jeune réalisateur mexicain fait un film aussi lumineux, d’une fugitive sérénité.

Les Inrockuptibles : Ce miracle de simplicité et de poésie a aussi le bon goût de s’adresser aussi bien aux enfants qu’aux adultes, ce qui est une excellente nouvelle à une époque où le cinéma de création, hormis l’animation semble se ficher du jeune public.

Pour en savoir plus

Pour qui veut en savoir plus sur le film, il faut aller sur le site d’Isabelle Buron, attachée de presse, spécialiste du cinéma hispanique. On y trouvera critiques de presse, une interview du cinéaste, bande annonce, émission de la chaine européenne de télévision Arte. Sur www.isabelleburon.com/film.php?D=82

 

Alamar
Documentaire-fiction (Mexique), 2009
De Pedro González-Rubio
Avec Jorge Machado, Natan Machado Palombini, Roberta Palombini
73 min
Lundi 25 janvier à 20 heures, salle polyvalente des Baladins, 85 galerie des Baladins
Adultes : 3 € / soutien : 10 € / enfants et précaires : 1 €
Adhésion donnant droit à tous les films de la saison 2015-2016

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